Le travail du chanvre était bien adapté au monde rural, car il demandait une main d'oeuvre nombreuse. En plus, l'aspect saisonnier des travaux des champs, permettait pendant la période creuse de l'hiver, la transformation de la plante en fils.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, la culture du chanvre était très répandue dans la région de Locronan. L’endroit où il était cultivé se nommait - al liorz kanab - (la prairie à chanvre).
Nous allons vous présenter les différentes étapes de cette transformation :
Pendant le courant du mois d’avril le chanvre est semé à la volée.
Au début du mois d’août, le chanvre mâle est arraché, lié par poignées, il est mis ensuite au soleil pour faire sécher les feuilles (à maturité le chanvre peut atteindre de deux à trois mètres de haut).
Pour le chanvre femelle, l’arrachage s’effectue une fois les graines mûres.
Le chanvre est séché, égrainé grâce à une planche munie d’une rangée de dents.
Puis chaque poignée est mise en botte pour procéder au rouissage, immersion du chanvre pendant deux ou trois semaines dans une mare ou un ruisseau (pour la séparation des fibres du bois de la tige).
L’ensemble du chanvre mâle et femelle est ensuite broyé à l’aide d’une broie ou braie, sorte de hachoir, qui permet de briser la tige pour séparer la filasse.
Une fois le broyage fini, il reste toujours quelques débris de bois (chènevottes) dans la filasse, donc l’espadeur entre en action pour les retirer. Il utilise une planche de bois verticale fixée au sol, avec à son sommet une entaille demi-circulaire pour y poser la filasse. Puis avec l’espade (planchette en bois au tranchant émoussé) il frappe le chanvre qui pend le long de la planche.
Pour finir la préparation des fibres avant le filage, la filasse est cardée. Le carde est une planche de bois munie de pointes en fer alignées sur plusieurs rangées, plus ou moins espacées selon la finesse des fibres.
Sous l’action du cardage une partie des fibres, les plus courts, tombent. C’est l’étoupe qui sert à faire du calfeutrage ou de la toile de mauvaise qualité (les fils étant plus fragiles).
Les longs brins de la belle filasse étaient peignés.
Les femmes filaient en gardant les bêtes, durant les veillées, ou toute la journée pour celles qui en faisaient profession.
Le filage au fuseau : dans les champs, les femmes accrochaient une quenouille à leur ceinture.
Le filage au rouet, plus rapide, était effectué à la maison
Mise en écheveau
Le fil mis en écheveau est plus facile à déplacer, car il prend moins de place que sur une bobine.
De plus l’écheveau lui permet de garder un ordre.
Préparation de la chaîne
La préparation de la chaîne est le moment le plus délicat dans l’art du tissage. Il faut donner un ordre aux fils de chaîne, pour qu’ils ne se croisent pas avant d’arriver aux lices, ce qui rendrait le tissage impossible. Il faut aussi que les fils soient pliés (enroulés) sur l’ensouple avec une tension régulière.
Tisser consiste à entrelacer, les fils de chaîne et des fils de trame pour produire une toile.
Les hommes tissaient dans la pièce principale de la maison. En 1750, à Locronan, se trouvaient 150 tisserands ne vivant que de ce travail.
Ils tissaient des toiles à voile qui seraient vendues en Angleterre, Hollande, Espagne, Portugal et bien sûr en France.
Hervé