Il y a de cela très longtemps, vivait une jolie jeune femme à la peau blanche et douce. La vie avait tout pour lui réussir, mais, elle était malheureuse. Son coeur saignait d'amour pour un jeune laboureur, son voisin.
Elle avait tout fait pour le séduire, mais à chaque fois, le jeune homme lui répondait : "File toute la filasse qui se trouve dans mon grenier et je me marie avec toi."
La pauvre enfant n'aimait pas filer, ses doigts étaient trop tendres pour ce travail. Alors, tous les soirs dans sa chambre, elle pleurait, se lamentait sur son sort.
Une vieille fée vivait non loin de là, émue par ses pleures et ayant aussi envie de retrouver le repos, elle alla frapper à la porte de la jeune pucelle.
"Alors, mon enfant, pourquoi tous ces pleurs?"
Marion, car elle s'appelait Marion, lui fit le récit détaillé de tous ses grands soucis.
La marâtre la rassura et lui dit :
"Jeune écervelée, soucis de coeur n'a pas d'oreille, si, tu me promets de m'inviter au repas de tes noces, je filerais l'ensemble de la filasse de ton nigaud de future mari."
La jeune fille, trop heureuse, s'empressa d'accepter. La nuit suivante tout était filé. Ne vous avais-je pas dit que la vieille femme était fée, et une fée est prête à tout pour retrouver le repos!
Le paysan, Lucien, était fou de joie de posséder un si beau fil, jamais dans le pays n'avait été vu fil si fin et si soyeux. Il regarda sa promise avec envie :
"Va y avoir noce sous peu!"
Le jour arriva, tout se passait bien, les mariés étaient heureux, les convives l'étaient tout autant!!! La table bien mise, les mets...copieux...le vin, je n'en parle pas!!! Tous avaient le sourire béat, le monde était beau, tout comme eux même, ils l'étaient...
C'est sûr, dans le pays, on en parlerait longtemps!!!
Vous voyez le genre de fête, où, on est bien à l'intérieur, mais, vu de dehors...
Et là, soudain, la porte s'ouvrit, une ombre, au seuil, apparaît.
Tous se retournèrent pour voir...une vieille femme, d'une laideur, mes aïeux, entra dans la pièce parmi les convives.
Quel spectacle, les femmes se mirent à crier, les hommes, d'un bon, se levèrent, déjà deux l'empoignèrent...
La vieille femme tout sourire annonça :
"Je suis invitée par la mariée Marion. C'est moi qui ai filé toute la filasse, et je ne veux point du premier prix, je ne serais que faire d'un jeune écervelé. Mais écoutez mon histoire vous tous rassemblés. Vous me trouvez laide, sans charme. Et bien, sachez mes amis que c'est le travail de la fibre de lin et de chanvre qui m'a rendu ainsi, tous les jours que Dieu fait, je file. Et toi, jeune homme, si tu veux garder à ton épouse toute sa fraîcheur, laisse là libre de faire le travail qu'elle veut, ne l'oblige pas dans des tâches ingrates. Toi, Marion, tu l'as choisi, si à nouveau de drôles d'idées lui passent par la tête, au lieu de pleurer, de te lamenter, parle-lui, je pense qu'il a des oreilles qui peuvent écouter!"
Sur-ce, la vieille fée disparue, les convives se regardèrent, les époux s'embrassèrent.
Ce fut un mariage très heureux....