Français 12420, fol. 71, Tanaquil tissant
Le lanificum, le travail de la laine, faisait partie des vertus de la noble épouse à l'époque de l'Antiquité romaine. Le lanificum se situe au même niveau que les vertus morales de fidélité, discrétion, chasteté, obéissance. Il s'agissait d'un idéal, l'idéal de la matrone lanifica. Les Romains ont choisi le tissage comme la marque de fidélité de l'épouse envers son mari, en réutillisant le mythe grec de Pénélope mais dans le but de servir leur propre idéal.
Tanaquil, épouse de Tarquin l'Ancien était le modèle de cette femme idéale. Elle passait pour avoir été une parfaite lanifica et elle était tisserande. On la confond avec Gaia Caecilia, déesse du mariage, dont les attributs sont le fuseau (symbole du lanificum) et les sandales (gardienne de la maison). On dit que Tanaquil/Gaia Caecilia avait elle-même tissé la tunica recta , l'habit que portent les garçons au moment où ils prennent la toge virile, et les filles la veille de leur mariage, ce qui marque leur entrée dans le monde des adultes. Cela associe donc Tanaquil/Gaia Caecilia aux rites de passage.
Les deux se distinguent cependant. Tanaquil serait tisserande et Gaia Caecilia filandière. Tanaquil est toujours considérée comme l'image de la parfaite épouse, et donc assimilée au tissage alors que Gaia Caecilia apparait, avec son fuseau et sa quenouille, comme la déesse à laquelle se réfèrent les futures mariées. Tanaquil et Gaia Caecilia représentent alors les deux états de la femme : vierge puis épouse. Les toges tissées par Tanaquil sont à considérer comme l'aboutisssement de la laine filée par Gaia Caecilia. Le tissage, formé de plusieurs fils entrecroisés apparaît de ce fait comme le symbole de l'union, et correspond à l'image de l'épouse unie à son mari.
MarieBé
Bibliographie : CHAMPEAUX Jacqueline et CHASSIGNET Martine (dir.). Aere perennius. Editions PU Paris-Sorbonne, coll. Roma Antiqua. 2006. 702p.